L’objectif fondamental de mon engagement politique
peut se résumer par l’expression « bien-être partagé ».
A mon sens, tous les humains doivent avoir accès au bien-être, et
ce bien-être doit être réparti de manière égalitaire. Le bien-être
ne se limite pas aux conditions strictement économiques. C’est au
contraire une notion qui inclut également des dimensions clés,
telles que la sécurité, la liberté et les droits fondamentaux ;
mais aussi des valeurs immatérielles comme l’esthétique ou
encore la culture. La politique peut et doit apporter une
contribution substantielle au bien-être de l’ensemble de la
population.
A cet égard, une précision s’impose : la
politique n’a pas pour autant la mission d’établir le bonheur
universel. En effet, lui assigner une telle mission reviendrait à
mon sens à nier la dignité et la liberté humaine : le
bonheur est un sentiment éminemment intime qui ne s’impose pas de
l’extérieur et qui n’obéit à aucun décret. Prétendre
imposer le bonheur poserait les bases d’un nouveau totalitarisme.
Si le système économique et la production culturelle de masse développent
pour leur part certaines tendances totalitaires, à travers la
consommation de masse et l’uniformisation des goûts, la politique
ne doit pas les imiter. La politique doit au contraire offrir une
antidote à ces dérives, sans devenir elle-même totalitaire.
L’Etat a une mission émancipatoire : il doit poser les
conditions qui permettent à chaque individu de vivre librement et
dignement.
Mon idéal démocratique est celui d’une société
égalitaire et équitable. Pour y parvenir, il faut tenir compte des
aspects suivants :
- Le point
central est l’égalité des chances à la naissance. Il est
central de garantir à chacun l’accès à une formation adéquate,
indépendamment de sa situation socio-économique. Cela vaut
pour la formation initiale, mais aussi pour la formation
continue, qu’il s’agisse de rattrapage ou de
perfectionnement. Dans ce volet, il faut aussi inclure l’accès
à la culture au sens large.
- On ne
peut se contenter de l’égalité des chances dans la formation :
lorsque, malgré les efforts de formation, de fortes inégalités
apparaissent ou subsistent, ou lorsque le destin frappe, par
exemple par l’accident, la maladie, le chômage, ou tout
simplement le vieillissement, l’Etat doit prendre des mesures
redistributives. Il s’agit d’assurer pour chacun les
conditions d’une existence digne. Cela suppose pour le
financer un système fiscal fort. Au demeurant, en répartissant
la charge fiscale de manière progressive, on contribue
directement à la réduction des inégalités.
- Dans la
politique économique et sociale, l’Etat ne doit jamais perdre
de vue la finalité première, à savoir que chacun puisse
assurer lui-même son bien-être. Il faut absolument éviter que
les dispositifs de soutien des personnes en âge de travailler
incitent à l’oisiveté : Le but est l’émancipation,
pas la dépendance.
- L’Etat
doit lutter contre toutes les formes de triche, de la fraude
fiscale à l’escroquerie contre l’aide sociale, en passant
par les abus de pouvoir du management (par exemple dans la
fixation du salaire). Ces formes de corruption sapent la légitimité
des lois et nuisent tant à l’efficacité qu’à la justice.
L’égalité à laquelle j’aspire n’est pas
une uniformisation qui tuerait le talent et la diversité au nom de
l’esprit de système. Au contraire, un des vecteur d’égalité
est la solidarité, c’est à dire la possibilité pour toute la
société de bénéficier du talent et de la chances dont disposent
certains individus. Et de toute matière, certaines disparités au
cours de l’existence sont admissibles, ne serait-ce que parce que
l’argent n’est heureusement pas le seul paramètre du bonheur :
que serions nous sans l’amour, la liberté, la dignité ou l’art
par exemple ? Et les individus n’ont pas toutes et tous les mêmes
goûts ni les mêmes aspirations, par exemple dans la répartition
entre effort, argent et temps libre.
Enfin, l’expérience montre que la quête
d’une société égalitaire est un travail de Sisyphe : elle
s’inscrit dans une durée, où rien n’est jamais définitivement
gagné, car les inégalités risquent toujours de se recreuser.
D’autre part, le monde se transforme sans cesse et les sources
d’inégalité se déplacent au fil du temps. Par conséquent, il
est possible de se rapprocher de l’égalité, mais irréaliste de
parvenir à une égalité parfaite, qui serait d’ailleurs
difficile à définir. Evoquer les limites de la quête d’égalité
n’empêche absolument pas d’agir politiquement en faveur d’une
plus grande égalité. Au contraire, cette lucidité me paraît
constituer le préalable d’une action réfléchie et efficace.
RN, août 07
|
|
Bilan
et perspective (téléch. le pdf complet)
Les chapitres "Perspective"
Introduction
1) Institutions et territoire
2) Pour un bien-être partagé
3) Préserver
les bases physiques
Les candidat-e-s PS
au Conseil national 2007
La traduction française des contributions de Roger Nordmann sur NZZ Votum
|