Pour
la transparence du financement des partis: Trop
d’argent tue la démocratie:
Le Conseil
national a refusé par 78 voix contre 60 et 2 abstentions mon
initiative sur le financement des partis politiques. Voici mes
arguments développés à la tribune du Conseil national avant le
vote.
Mon
initiative parlementaire demande la transparence du financement des
lobbies, des partis, des comités de votation et d'élection. Elle
vise la publication de l'identité des contributeurs lorsque ce sont
des personnes morales et, au-delà d'un certain seuil, lorsque ce
sont des personnes physiques. En deçà de ce seuil, il faut
indiquer avoir reçu un don, mais pas forcément indiquer l'identité
du donateur. Ce seuil reste à fixer, il faut encore en débattre,
entre 1000 et 2000 francs, par exemple.
Vous
connaissez tous le coût élevé des activités politiques,
notamment des campagnes de votation et d'élection, ainsi que du
lobbying. Vous connaissez aussi tous l'influence considérable que
prennent les lobbies dans la vie politique. Cela se manifeste de
manière patente à la veille des votations importantes dans la
salle des pas perdus; cela se manifeste dans les procédures de
consultation; cela se manifeste aussi de manière plus obscure par
le truchement des versements aux partis ou aux comités électoraux
individuels.
Soyons clair:
si ces contributions n'avaient aucun effet sur les décisions
politiques, elles n'auraient pas lieu d'être. Faire ce constat ne
signifie pas pour autant qu'il faille interdire l'injection de
moyens dans le fonctionnement du système politique. La réflexion
et l'information ne sont pas gratuites; sans argent il n'y a pas de
démocratie. En l'occurrence, je ne propose, ni une interdiction, ni
même une limitation, mais simplement la transparence.
En matière
d'argent et de politique, tout est une question de mesure. L'absence
de moyens empêcherait la démocratie de fonctionner, mais l'excès
d'argent peut dénaturer la démocratie. Pour s'en rendre compte,
nul besoin d'aller à l'étranger! Il n'y a qu'à voir les murs de
nos villes et de nos villages. Un parti squatte non seulement les
pages rédactionnelles, mais achète une masse d'espaces
publicitaires, lorsque ce ne sont pas ses amis qui achètent carrément
un hebdomadaire ou, plus récemment, une radio locale.
Ce parti dépense
à lui seul plus que tous les autres partis politiques réunis.
Cette débauche de moyens ne vise pas seulement à promouvoir son
chef et ses idées - ce qui serait encore admissible -, mais elle
sert désormais à dénigrer les institutions. Ainsi, ses budgets
astronomiques lui ont permis une semaine avant la sortie du rapport
de la sous-commission compétente de la commission de gestion de
publier une vague, que dis-je, un tsunami d'annonces publicitaires
pour tenter de noyer les conclusions de l'organe précité dans une
espèce de "jus de complot". Ces annonces massives ont
lancé la maudite expression de l'année, l'expression
"complot", que nos amis alémaniques feraient bien d'élire
"Unwort des Jahres".
La solution
que je propose est l'autorégulation. Simplement, pour que l'autorégulation
fonctionne, il faut de la transparence. Chaque acteur doit assumer
devant l'opinion publique ses choix en matière de financement. Cela
permettra par exemple de savoir si le personnage qui s'est affiché
sur tous les murs ces derniers jours comme le sauveur de la Suisse a
payé lui-même sa campagne ou si ce sont des amis bienveillants, un
soutien bienveillant d'autres personnes ou d'autres personnes
morales dont il serait intéressant de connaître l'identité.
Je ne
m'adresse pas aux membres du groupe UDC qui pensent que les citoyens
sont des moutons de Panurge et qu'ils peuvent être achetés au
moyen d'un bombardement publicitaire. En revanche, j'en appelle aux
députés des groupes démocrate-chrétien et radical-libéral: je
vous sais soucieux du bon fonctionnement des institutions politiques
et préoccupés par les évolutions récentes. C'est vrai, mon
initiative parlementaire semble avoir pour vous un inconvénient,
celui de vous forcer à dévoiler quelles entreprises contribuent
aux caisses de vos partis et de vos comités. Mais c'est finalement
un secret de Polichinelle, car vous ne vous êtes jamais cachés de
votre proximité avec l'économie. Du reste, à l'étranger, comme
l'a rappelé Monsieur Fehr Hans-Jürg, il est courant de savoir
quelles entreprises financent les partis. Ainsi, on sait aux
Etats-Unis à quelle campagne contribuent le Credit Suisse et l'UBS
et dans quelle proportion. Pourquoi ne le saurait-on pas en Suisse?
Mais mon
initiative a un avantage important pour vous, représentants des
groupes radical-libéral et démocrate-chrétien: elle pose un
garde-fou contre la diffusion de masse de la démagogie qui permet
à l'UDC de détruire peu à peu la droite classique. Mon initiative
représente un compromis. Il n'y a aucune limitation et on se
contente de miser sur la transparence. Cela représente une certaine
évolution de notre culture politique ou plus exactement une
modernisation qui contribuera à ce que notre système politique
retrouve son bon fonctionnement. En donnant suite à mon initiative,
vous chargez la Commission des institutions politiques d'examiner de
nouveau la question à la lumière des récents développements, et
cela me paraît indispensable.
28.9.07
Couchepin
à Bern, Blocher à Rhäzuns
14.9.07
Pascal
Couchepin sauve l’honneur du Parti radical en affirmant clairement
que l’UDC et Blocher sont une menace pour les institutions
suisses, la démocratie et l’Etat de droit. Qu’il en soit
remercié. Si je suis réélu, Conseiller national socialiste, je
voterai pour lui le 12 décembre au Conseil fédéral et à présidence
de la Confédération.
Il
faut dire que la liste des dérapages institutionnels de Blocher est
longue. Dans un livre qui
vient de paraître aux éditions Favre, François Cherix en a dénombré
33 en 40 mois de présence de Blocher au Conseil fédéral. Le titre
de son ouvrage est d’ailleurs emblématique : « Blocher
ou le mépris des lois ».
Comme
l’ont fait l’Autriche après deux ans de Haider et l’Italie
après quatre ans de Berlusconi, la Suisse doit se libérer du joug
populiste. Il faut renvoyer Blocher à Rhäzuns comme en son temps
Haider en Carinthie. Il en va de l’honneur de notre ancienne démocratie.
Il n’est pas acceptable qu’il faille, dans notre pays, placer
des parlementaires sous protection policière parce que les enquêtes
qu’ils mènent dérangent quelques psychopathes inspirés par M. Mörgerli.
Pour
cela, il faudra un accord de principe entre les partis qui
respectent la Constitution, à savoir le PRD, le PDC, le PS et les
Verts. Un tel accord ne signifie pas que ces partis gommeraient leur
différences politiques. Mais simplement qu’il existe entre eux un
accord de principe pour respecter les valeurs fondamentales de notre
Constitution fédérale, comme l’indépendance de la justice, la
collégialité, la séparation des pouvoirs etc.
Cela
suppose que les radicaux suivent Couchepin plutôt que Pelli, lequel
avait imprudemment annoncé vouloir réélire Blocher.
Personne
n’a le droit de s’appuyer sur la démocratie pour détruire les
valeurs qui en constituent les soubassements. Or c’est exactement
ce que fait l’UDC, et c’est en cela que Couchepin a raison d’évoquer
une analogie avec le fascisme
A
ce stade, il faut rappeler que le Conseil fédéral n’est pas une
commission parlementaire composée par homothétie de l’Assemblée
fédérale et dans laquelle chaque parti choisirait ses représentants.
Au contraire, selon les règles actuelles, le Conseil fédéral se
compose par l’addition des personnes qu’une majorité du
parlement, fort de sa légitimité démocratique, juge dignes d’exercer collégialement un septième de la
magistrature suprême.
Blocher
ne remplit plus ce critère, et il ne faut pas avoir peur de le
chasser du pouvoir. Tant pis si cela rend temporairement malheureux
un quart de l’électorat. Car le poison populiste, contre lequel
aucune démocratie n’est vaccinée, nécessite une antidote
drastique, comme l’ont montré les autrichiens.
C’est exactement pour cela que Blocher est terrorisé de ne
pas être réélu, au point de déclarer lui-même, comble de
l’obscénité politique pour un Conseiller fédéral en fonction,
qu’il serait encore « plus dangereux » dehors que
dedans (le Matin du 25.8.07.
Les
profits de la LPP appartiennent aux assurés!
5.9.07
Le Conseil fédéral vient de décider
de rehausser le taux d’intérêt minimal LPP de 2,5% à seulement
2.75%. Il demeure ainsi en deçà des attentes, car la bonne
situation des marchés financiers permettrait au moins de monter à
3%. Concrètement, cela signifie que l’on prive les assurés de
ces gains et qu’en fin de compte, les rentes seront moins élevées
qu’elles pourraient l’être.
Mais la majorité bourgeoise
semble une fois de plus être davantage préoccupée de défendre
les intérêts des assurances privées que ceux des assurés. Outre
la hausse insuffisante du taux d’intérêt, le Conseil fédéral a
déjà planifié de baisser à 6,4% le taux de conversion.
Cela frappera de plein fouet les
collaboratrices et les collaborateurs des PME. En effet, ces employés
sont souvent assurés dans des „fondations collectives
partiellement autonomes“. En réalité, il s’agit de pures
constructions de façade qui s’appuient complètement sur des
compagnies d’assurances privées, et qui sont gérée par ces
dernières.
Grâce à un mécanisme nommé
„legal quote“, ces compagnies d’assurance privées peuvent prélever
une confortable participation aux excédents. Ainsi, les gains de
ces caisses de pension ne reviennent pas entièrement aux assurés
sous la forme de rente ou de réserve. Au contraire, le taux d’intérêt
artificiellement bas et le taux de conversion abaissé garantissent
aux assureurs une confortable participation aux excédents, et donc
des gains sans aucun risque. C’est totalement injuste, car il
s’agi de la fortune que les assurés ont accumulé en cotisant
pendant des années à la LPP.
Cette situation doit être
corrigée. Les PME doivent sans délai assurer leur personnel auprès
des caisses vraiment autonomes. L’indépendance est le pré-requis
pour qu’une caisse de pension soit gérée avant tout dans l’intérêt
des assurés. A plus long terme, il faut séparer complètement les
actifs des caisses de pensions de la fortune des assurances privées.
J’ai déposé à cet égard une initiative
parlementaire. C’est le seul moyen pour garantir que les gains
des caisses de pensions reviennent intégralement aux assurés.
C’est
officiel, l’UDC veut la retraite à 67 ans
4.9.07
Dans
une interview du Sonntagsblick du 2 septembre 2007, M. Blocher a
fait tombé le masque : l’UDC s’active pour augmenter l’âge
AVS de la retraite à 67 ans, soit-disant pour sauver l’AVS. Pour
ma part, j’estime que ce projet est irresponsable et antisociale
1) Selon
l’Office fédéral de la statistique, 28% des actifs prennent leur
retraite au moins trois ans avant l’âge légal AVS (64 ans pour
les femme et de 65 ans pour les hommes). Une année avant l’âge légal
AVS, ce sont carrément 50% qui ont pris leur retraite. Une
bonne partie de ces personnes n’ont pas le choix : le marché
du travail ne veut plus d’eux. Si on augmente l’âge AVS et LPP,
cela signifie que ces gens auront une grosse perte de revenu :
par exemple, une année d’anticipation de la retraite, c’est
6,8% de baisse de rente AVS, ceci jusqu’au dernier jours. Celui
qui doit aujourd’hui prendre sa retraite à 62 ans au lieu de 65
est déjà lourdement pénalisé : il doit attendre 63 ans pour
toucher une retraite. Cela signifie une année sans revenu. Ensuite,
sa rente est réduite de 13.6%. Que se passera-t-il pour celui qui
est forcé à prendre à la retraite à 62 ans si l’âge AVS est
à 67 ans.
2) Dans
de nombreuses carrières professionnelles, à 64/65 ans, on est
fatigué, en particulier si l’on a commencé très tôt à
travailler. Il est donc légitime de vouloir passer à la retraite
à cet âge sans subir de réduction. Et dans notre pays, rien
n’interdit à ceux qui sont en forme de travailler au-delà de
l’âge AVS.
3)
Depuis la création de l’AVS, il est de bon ton de dire que son équilibre
est menacé par le prolongement de l’espérance de vie. Mais en réalité,
la croissance économique et l’augmentation de la productivité
ont toujours permis d’absorber le vieillissement des retraités.
4) La
croissance économique dépend largement du pouvoir d’achat de la
population, dont les retraités constituent une part importante.
Elle dépend aussi de la population active et de sa formation. A cet
égard, le plus important est d’investir dans la formation
initiale et continue, car celle-ci augmente la productivité et les
recettes e l’AVS. (On peut ici que ce sont justement les partis
favorables à la retraite à 67 ans qui refusent des crédits
suffisants pour la formation) . Et de permettre aux travailleurs de
rester effectivement en emploi jusqu’à 64 / 65 ans. Car ce
sont autant de cotisations qui vont renforcer l’AVS.
D’abord
pour la famille et l’éducation, ensuite pour l’économie
30.8.07
Le but des dispositifs de
soutien aux familles (crèche, garderie, allocations familliales,
congé paternité etc) n’est pas de servir les intérêts de l’économie.
Il ne s’agit pas de
faire en sorte à ce que les deux parents puissent travailler à
100% et déléguent complètement la garde et l’éducation des
enfants. Les enfants et les jeunes ont au contraire besoins de la présence
des parents, ne serait-ce que pour structurer leur emploi du temps
et assimiler les règles de la vie en société. Ces dispositifs de
soutien au famille doivent simplement aider à ne pas tomber
automatiquement dans une répartition du travail salarié de type
120% pour l’un et 0% pour l’autre. Or c’est ce qui arrive
assez mécaniquement lorsqu’il est impossible de trouver une place
en crèche, lorsque les trois enfants commencent l’école à des
horaires différents ou lorsque ils ne peuvent pas manger à l’école
à midi.
Cela suppose bien entendu que
les employeurs offrent, pour les hommes également, des postes à
temps partiel. Et que le niveau des salaires les plus bas soit
suffisant pour permettre aux familles de vivre décemment avec un
taux d’occupation cumulé de l’ordre de 150%. Parce que lorsque
les deux parents doivent travailler à 100% et assumer de long
trajets pendulaires pour ne gagner finalement que le minimum, il
n’est pas étonnant que l’éducation en souffre.
Si ces mesures permettent
d’augmenter la main d’œuvre féminine disponible pour l’économie,
c’est un effet accessoire positif. Mais la politique familiale
doit avant tout permettre à tous les parents d’élever leurs
enfants dans de bonnes conditions, et avec un partage équitable des
tâches. Une approche strictement économique, qui limiterait le
soutien aux parents les mieux formés et les plus lucratifs,
manquerait sa cible. Au lieu de reprocher aux parents de ne pas éduquer
assez bien leur enfants, on ferait mieux de les aider par une bonne
politique familialle. En ce rappelant que c’est les moins bien
lotis qui ont besoin du plus fort soutien.
PS : texte de ma
motion acceptée par le CN sur le congé paternité )
Climat et énergies renouvelables.Muselière
obligatoire pour Economiesuisse, Union pétrolière, PRD, UDC
& co
27.8.07
A peine
Moritz Leuenberger avait-il annoncé son intention de fixer un
objectif de 20% de réduction des émissions de gaz à effet de
serre pour 2020 que se déclenchait le réflexe du chien de Pavlov
chez Economiesuisse, l’Union Pétrolière, les Radicaux et
l’UDC.
Economie ruinée,
impôts trop élevé, retour à l’age des caverne, etc etc, tels
étaient les arguments aboyés par communiqués de presse dans le
quart d’heure qui a suivi l’annonce de les perspectives de
Leuenberger.
La semaine
suivant, Angela Merkel, tout sauf une gauchiste écolo, annonçait
que la grande coalition allemande se fixait un objectif autrement
plus ambitieux : -40% de gaz à effet de serre d’ici 2020, et
passage de 12% à 30% de la part des énergie renouvelables d’ici
2030. Outre les arguments de protection du climat, le gouvernement
allemand a avancé des arguments strictement économiques. Il
s’agit de renforcer la leaderschip technologique et industrielle
de l’Allemagne, notamment en matière éolien et solaire, et pas là
d’assurer les emplois en Allemagne. Il s’agit aussi d’assurer
un approvisionnement énergétique sûr et stable dans la durée,
car outre-Rhin, on a compris que le vent, la géothermie et le
soleil était des énergies primaires quasiment infinies, disponible
sur place et gratuites. En progressant dans la technologie de
transformation, on est en passe d’en faire des énergies
rentables.
Je me demande
combien de temps il faudra encore pour qu’Economiesuisse, les
Radicaux et l’UDC se libèrent du joug imposé par l’Union pétrolière.
Car il ne faut pas se voiler la face. Le lobby des importateurs
suisse de pétrole n’a qu’un objectif stratégique :
maintenir la consommation de produits pétroliers en Suisse, et donc
notre dépendance, pour sauver son bénéfice. A cet effet, il
essaye de reporter à l’étranger tous les efforts de réduction
des émissions de CO2. En soi, cette approche égoïste n’a
rien d’étonnant. Ce qui l’est plus, c’est
qu’Economiesuisse, les radicaux et l’UDC suivent comme un seul
homme cette position contraire à l’intérêt général. A se
demander si certains chien de Pavlov n’auraient pas besoin d’une
muselière.
Roger
Nordmann, Conseiller national, Membre de la Commission de
l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie.
RN, 27 août 2007
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Invité par la NZZ à animer 2 fois par semaine de
leur blog NZZ
votum, je publie simultanément la traduction française
Déjà parus:
Trop d’argent tue la démocratie
(28.9.07)
Couchepin
à Bern, Blocher à Rhäzuns (14.9.07) environnement
(traduction manquante) 12.9.07
Les profits de la LPP appartiennent aux assurés!
(5.09.07)
C’est officiel, l’UDC veut la retraite à 67 ans
(4.09.07)
D’abord
pour la famille et l’éducation, ensuite pour l’économie
(30.8.07)
Climat et énergies renouvelables.Muselière
obligatoire pour Economiesuisse, Union pétrolière, PRD, UDC
& co (27.8.07)
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