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Roger Nordmann

Conseiller national

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Conférence de presse Initiative des Alpes

Deuxième tube autoroutier au Gothard: Primum non nuocere 

"primum non nocere" (avant tout ne pas nuire), dit l'adage médical.

Vu sous cet angle, nous pourrions laisser la Confédération forer le granit du massif du Gothard et dépenser des milliards pour couler du béton dans un second tube autoroutier. En effet, en toute objectivité, le Gothard est un point secondaire de notre réseau autoroutier. Il ne pose pas de problèmes en termes de volume de véhicules (17'000 par jour, soit moins qu'à l'avenue de Beaulieu à Lausanne où j'habite), en termes d'heures de bouchons (concentrées pendant des week-ends touristiques) et même en termes de sécurité (avec les mesures prises et l'attention particulière qu'y vouent les conducteurs, le tunnel autoroutier du Gothard est devenu un tronçon très sûr.) L'ouverture de la nouvelle ligne ferroviaire augmentera drastiquement l'attrait du transport voyageurs par le rail en comparaison de la route, puisque l'on gagnera une heure entre la Suisse allemande et le Tessin. Autrement dit, plutôt que d'augmenter le trafic autoroutier par de nouvelles infrastructures aux abords des agglomérations, nous pourrions peut-être, dans la logique de l'adage médical, laisser le lobby du béton et des autoroutes gaspiller beaucoup d'argent bétonnant l'intérieur du massif alpin. Selon la logique : un maximum de milliards pour un minimum d'effets.

 

Mais nous ne sommes pas cyniques, et nous ne pratiquons pas la politique du pire.

Dans ce pays, le besoin de transformation des infrastructures de transports est très important. Il s'agit de répondre de manière écologiquement supportable aux besoins légitimes de transport de la population et de l'économie. C'est précisément pour répondre à cette préoccupation que l'Association transports et environnement (ATE) a d'ailleurs lancé l'initiative populaire « pour les transports publics ». Nous proposons des priorités claires en faveur des transports publics. Il ne saurait donc être question de s'ancrer dans la logique cynique du gaspillage. Le projet FAIF va clairement dans la bonne direction, même si la question du développement des trams et des bus dans les agglomérations n'est pas encore résolue.

La construction d'un second tube autoroutier au Gothard aura un grand effet sur le trafic des camions. Le deuxième tube autoroutier finirait à coup sûr par être utilisé à pleine capacité après quelques années: il supprime donc un verrou physique à la quantité des camions qui peuvent traverser les Alpes et sape ainsi l'un des piliers de la politique de transfert des marchandises sur le rail. L'espace alpin ne serait pas le seul à en souffrir: tout le plateau suisse de Bâle à Chiasso en subirait les conséquences, parce qu'évidemment, les camions transiteraient à travers toute la Suisse.

Enfin, il s'agit d'être un peu rationnel dans l'usage des deniers publics : la Suisse vient d'investir 18 milliards dans la construction de deux axes ferroviaires nord-sud pour éviter une avalanche de camions. Une fois cet effort accompli, il serait complètement absurde de démonter les par-avalanches! Non seulement cela coûterait l'argent, mais cela dévaloriserait très massivement l'utilité des investissements que nous venons de faire.

 

Last but not least, le signal envers les Européens serait absolument dramatique, car il montrerait que la Suisse n'a finalement plus tellement envie de faire passer le trafic marchandises sur le rail. Vu la force du lobby des camionneurs en Europe, la pression serait alors maximum pour laisser passer le plus de camions possibles avec le moins d'entraves possibles. Une telle attitude serait complètement contre-productive pour les intérêts de notre pays, mais aussi pour les intérêts bien compris de l'Union européenne, qui commence doucement à découvrir les mérites du ferroutage pour le trafic interne.

Si le deuxième tube au Gothard est construit, la première manœuvre du lobby européen des camions consistera à déposer un recours auprès de la Cour européenne de justice pour faire ouvrir la deuxième piste de chacun des tunnels au trafic. Sur la base de l'accord qui nous lient avec l'Union européenne en matière de transports, les limitations quantitatives sont une épine dans le pied. Très vraisemblablement, nous perdrions un tel procès, et la Suisse serait obligée d'ouvrir simultanément les quatre voies de circulation. À vrai dire, je soupçonne que c'est précisément là que se situe le noyau de la stratégie du lobby autoroutier : faire construire le second tube sur une hypocrisie, à savoir son usage sur une seule voie, et puis faire sauter ce verrou devant la justice européenne.

Mais notre alliance ne se laissera pas faire et lancera le référendum. A moins que le degré d'hypocrise dans ce dossier soit tel que le tunnelier ne s'embourbe déjà au premier obstacle parlementaire et connaisse un décollage aussi difficile que l'autre dossier prestigieux du moment, à savoir le Grippen.

 

 

 

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Contact: Roger Nordmann, Rue de l'Ale 25, 1003 Lausanne,
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1.04.2017