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Roger Nordmann

Conseiller national

Parti socialiste vaudois / lausannois

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Discours du 1er mai 2009 au Sentier (VD)

Les emplois et la prospérité de demain

Madame, Monsieur, chères amis, chers camarades,

A la vallée de Joux, j'ai déjà fait beaucoup de choses : de nombreuses séances,  des kilomètres de vélo et de ski de fond, un peu de voile et même quelques mètres de spéléologie. Par contre, je n'y avais encore jamais fait un discours. Je compte donc sur votre indulgence, en espérant que l'orientation de mon propos ne soit pas aussi tortueuse que le trajet souterrain de l'Orbe. Enfin, vous jugerez sur pièces.

Nous sommes aujourd'hui réunis pour célébrer le travail, et en particulier les luttes qui y sont associés pour obtenir des conditions de travail équitables pour tous et tous.

Vous me permettrez cependant de m’écarter quelque peu de la tonalité traditionnelle du 1er mai : pour célébrer les luttes passées, nous avons la chance d'avoir d'autres camarades qui sont nettement plus compétents que moi dans ce registre.

Ce que j'aimerais évoquer aujourd'hui avec vous, c'est plutôt l'avenir du travail, en particulier pour assurer une prospérité partagée et accessible à toutes et tous.

D'abord  sous l'angle social, puis ensuite sous l'angle de l'énergie, car vous verrez que contrairement à l'intuition, le lien entre les deux domaines est très étroit. Et que dans les deux domaines, la Vallée de Joux a un présent et un avenir emblématique.

Le but du travail, c'est évidemment de gagner sa vie, et celle de ses proches lorsqu'on a des personnes à charge. Le travail est source d’émancipation.

Une bonne politique économique et sociale est une politique qui permet d'atteindre cet objectif.

Faire ce constat n'est pas une banalité, pour plusieurs raisons :

  • la première, c’est qu’il y a des personnes qui n'ont pas de travail alors qu'elles désirent travailler et seraient en état de le faire.

  • La deuxième parce qu’il y a des gens qui travaillent sans gagner assez pour vivre décemment.

  • La troisième parce que au Parti socialiste, on s'est tellement battu pour défendre l'État social que l'on a parfois inconsciemment inversé les priorités, et que le temps est venu de les remettre dans le bon ordre : le succès du parti socialiste se mesure au nombre de gens en âge de travailler qui gagnent effectivement  leur vie dans de bonnes conditions, et non pas au nombre de gens qui dépendent de l'assurance invalidité, de l'aide sociale ou de l’assurance-chômage. Au contraire, chaque fois que nous n’arrivons pas à faire en sorte qu’une personne donnée en âge et en état de travailler ait un travail, c’est une forme d'échec pour la société, et donc pour nous.

Cela suppose évidemment qu'il y ait suffisamment de postes de travail et que l'économie se porte bien, avec un développement solide, durable et continu plutôt que dans une logique de bulle spéculative dont l’explosion est d'autant plus violente que sa croissance a été rapide.

Cet objectif d’accès à l’autonomie par le travail  suppose que l'entier de la population ait accès à une bonne formation. En effet, de manière générale, une bonne formation permet d'être plus efficace dans le travail, de produire plus de richesse par heure de travail, et donc de revendiquer légitimement une rémunération plus élevée. Cela passe par une politique ambitieuse de soutien à la formation initiale : personne ne doit sortir de l'école avec des lacunes dans les savoirs de base, et chacun doit au moins suivre une formation professionnelle ou gymnasiale. Ensuite, la société doit faire en sorte qu'indépendamment de la situation économique personnelle de chacun,  celles et ceux qui en ont les capacités et la motivation puissent faire des études longues, que ce soit après une maturité professionnelle ou une maturité gymnasiale. Chaque fois qu'une personne renonce à suivre une formation plus élevée alors qu'elle en aurait le talent, c'est une perte sèche pendant des dizaines d'années d'activité professionnelle, pour elle-même comme pour la société. Ce n'est pas aux Combiers que l'on doit l'expliquer, une communauté dont l'économie est entièrement fondée sur le travail hautement qualifié. C’était ici la première raison de souligner le caractère emblématique de la vallée.

Et comme une société humaine n'est jamais parfaite, il faut pouvoir rattraper des lacunes de formation et se perfectionner tout au cours de la vie. À commencer par le comblement les lacunes dans les compétences de base telle que la lecture, le calcul et l'écriture, domaine qui me tient particulièrement à coeur comme président de Fédération  suisse lire et écrire, un organisme très actif dans la lutte contre l'illettrisme, notamment en offrant des cours à quelque 1700 adultes dans toute la Suisse.

À cet égard, j'aimerais saluer le travail remarquable qu'a accompli votre et notre conseillère nationale Josiane Aubert dans ses fonctions de présidente de la Commission de l'éducation de la science et de la culture du conseil national. Après des années d'atermoiements et malgré un mandat constitutionnel tout à fait clair, le Conseil fédéral vient de stopper les travaux préparatoires pour une vraie politique fédérale de soutien à la formation continue. Je vous trahis un secret de polichinelle en précisant que cette décision funeste s'est prise sur la proposition de Pascal Couchepin, contre l'avis des socialistes et Doris Leuthard qui portait cette proposition. Ni de l'une ni de deux, Josiane Aubert a saisi le taureau par les cornes: moins d’un mois après la décision du Conseil fédéral, Josiane a fait voter par sa commission l'entrée en matière sur une initiative parlementaire par laquelle le Parlement va se saisir du dossier pour rédiger lui-même la future loi sur la formation continue, à la place du Conseil fédéral. Josiane, par son habileté de négociation et sa force de persuasion, a réussi à forger une majorité. Sa commission n'attend plus que le feu vert de la commission soeur du Conseil des états pour aller de l'avant. Comme par chance, notre Conseillère aux Etats Gérald Savary en est justement membre, la coordination ne sera pas trop difficile.

Ce succès de Josiane Aubert n'est pas le fruit du hasard : en accédant à la vice-présidence du syndicat chrétien Travailsuisse, notre laïque Josiane jette des ponts vers d'autres milieux intéressés au progrès et à la justice sociale. La présidence du Parti socialiste suisse soutient d'ailleurs cette stratégie, car le PS sait bien que rien ne sert d'avoir raison tout seul : en politique, rien ne s'obtient sans construire de majorité.

J'en viens maintenant au second aspect : Quelles sont les domaines qui assureront le travail et la prospérité de ces prochaines années ?

Certain répondront : la place financière. Pas moi, parce que n’est pas en brassant du fric qu’on crée de la valeur.

Pour répondre à cette question, j’aimerai partir d’une équation de base de la physique de grand-papa.  Pour parler d'énergie, quelle expression utilisait-on dans les cours de physique du collège ? je vous le donne dans le 1000 : on parlait du « travail » , respectivement du « travail d'une force ».   L’énergie est une des composantes fondamentales de la prospérité, comme le résumait fort bien la physique de grand papa.

Cela reflétait le fait que pendant longtemps, énergie utilisée était largement le fruit du travail physique des humains et des animaux domestiques. Et que la mobilisation de nouvelles énergies telle que le charbon ou le pétrole a permis d’une part de s'affranchir de ce travail pénible, et d'autre part, par leur abondance, d'améliorer fortement le niveau de vie. Disposer d'énergie est donc un des déterminants fondamentales de la prospérité, comme d'ailleurs par exemple l'accès aux matières premières.

Dès lors, en disposant d'une bonne vue d'ensemble sur la terre et de l'humanité à l’heure du petit déjeuner, les astronautes de la station spatiale internationale ISS peuvent probablement résumer de manière très simple le principal défi qui se pose à l’humanité : la majorité des humains lutte quotidiennement pour améliorer leur niveau de vie et l’amener au standard de la minorité des pays développés. Or, déjà avec le niveau actuel d'activité économiques, on sait que les ressources disponibles sont trop sollicitées, notamment dans le domaine de l'énergie et des émissions de gaz à effet de serre. L'épuisement progressif des ressources d'énergie fossile rend impossible le maintien du niveau actuel de consommation de ces ressources à long terme. Si, comme c'est probable, le développement rapide des pays émergents se poursuit, cela ne fera que rapprocher le moment de vérité.

Ce moment de vérité pourrait prendre la forme d’une réduction brutale des activités économiques, parce que l’énergie ne sera plus disponible en quantité suffisante. La violence du choc sur notre niveau de vie pourrait être aggravée par le réchauffement rapide du climat induit par notre consommation passée d'énergie. L'impact du changement climatique sur l'accessibilité de l'eau, sur la fertilité des terres et sur la viabilité de certains lieux pourraient avoir un impact colossal.

Vous l'avez compris, le grand défi de l'avenir, c'est d'assainir les bases énergétiques de notre économie, de notre habitat et de notre système de transport : produire plus de richesse en gaspillant moins d'énergie, utiliser des énergies renouvelables plutôt que de puiser dans le stock limité d'agents énergétiques polluants tels que le pétrole, le charbon ou l'uranium.

Avec le climat de la Vallée de joux, je n'ai pas besoin de vous faire un dessin sur l'intérêt qu'il y a à isoler correctement les bâtiments pour éviter de gaspiller l'énergie. Mais ailleurs en Suisse, il y a encore beaucoup de choses à faire, et je suis particulièrement fier d'avoir fait passer ce printemps Conseil national un programme de soutien à l'assainissement énergétique des bâtiments pour un montant de 2 milliards de francs suisses en 10 ans.

Je ne saurais conclure ce discours sans souligner le caractère emblématique du projet de parc éolien à la vallée de joux, porté par la population,  les trois communes et la société électrique. La perspective d'une autonomie énergétique de la Vallée de joue devient tout à fait réaliste : 10 éoliennes suffiront à assurer une électricité  d’origine 100 % renouvelable, et les ressources forestières permettent d'envisager sereinement les modalités de chauffage écologique. Reste la question de la mobilité, qui pourrait être une combinaison de mobilité individuelle électrique et de transports publics.

Comme vous le savez sans doute, le projet d'éoliennes doit encore surmonter quelques obstacles d'aménagement du territoire et de protection de la nature. Il s'agit de faire la bonne pesée d'intérêts : il ne fait à mon sens aucun doute que quelques éoliennes à l’esthétique controversée sont infiniment préférables à des investissements équivalents dans des centrales à charbon en Allemagne, comme l'envisage avec myopie une autre société électrique vaudoise. Car finalement, la spécificité écologique et paysagère de  la Vallée de joux est beaucoup plus menacé par le réchauffement climatique que par quelques les éoliennes bien intégrées dans le paysage, et dont le démontage en fin de vie ne laissera aucune trace dans le paysage. Un haut fonctionnaires du département de Moritz Leuenberger, avec lequel j'essaie de trouver une solution pour débloquer le dossier, me glissait d’ailleurs malicieusement à l'oreille qu'il était sûr que dans 30 ans, au moment du démontage des éoliennes construites maintenant, certains milieux de protection du patrimoine feraient des recours contre leur démontage, au motif que ces moulins à vent font désormais partie du paysage du patrimoine.

Vous l'avez compris, c'est évidemment cet assainissement énergétique et environnemental des bases de notre économie et leur système de transport et de nos logements qui fournira une bonne partie des emplois de demain. Car le travail de transformation est colossal. Ce New Deal énergétique,  comme l'appelle le président Obama, posera les fondements de la prospérité de demain, et évitera que l'on se rappelle trop souvent le vrai sens du travail d'une force.

Pour notre pays, être à la pointe de ces changements, c'est aussi disposer du leadership technologique, d'une plus grande sécurité et d'une plus grande compétence . C’est, tout simplement,  faire preuve de responsabilité.

Et c'est à cela que Madame, Monsieur, chers amis, chers camarades, qu'il faut travailler ces prochaines années.

 

 

 

 

  

 

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1.04.2017