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Article Le Temps, 10.5.06 Le scénario du PSS: se passer de l’électricité nucléaire sans augmenter les émissions de CO2 D’ici une vingtaine d’année, les centrales nucléaires suisses devront être mise hors service pour raison d’âge. A ce même moment, les contrats conclus sur le courant nucléaire français viendront à échéance. Parallèlement, la consommation d’électricité continuera vraisemblablement à augmenter, parce qu’il s’agit d’une énergie très efficace à l’usage. En terme d’approvisionnement électrique, l’enjeu est colossal. La construction en Suisse des nouvelles centrales nucléaires se heurterait à vraisemblablement à un référendum. L’option nucléaire présente en effet des risques sanitaires et écologiques élevés. De plus, la durée de vie des déchets pose des problèmes inextricables. L’option nucléaire me paraît donc ni souhaitable, ni réaliste politiquement. Il faut promouvoir activement des alternatives. Car y renoncer signifierait à importer de plus en plus de courant européen. Or celui-ci est produit à plus de 60% à partir de charbon, de gaz et de pétrole, autant de sources émettant du CO2 et contribuant ainsi au réchauffement climatique. Dans cette perspective, le Parti socialiste suisse a élaboré et adopté un scénario pour passer à une production d’électricité sans augmentation des émissions de CO2 ni recours au nucléaire*. L’objectif étant donc substituer l’énergie nucléaire actuelle et d’absorber la croissance de la consommation par des sources plus propres, ainsi que par des gains d’efficacité. Le tableau ci-contre résume les chiffres clés de notre scénario. Dans notre scénario principal, nous nous basons sur l’hypothèse prudente d’une augmentation de 2% par an de la consommation**. Pour modérer cette croissance, nous préconisons deux mesures politiques : premièrement le remplacement progressif des chauffages électriques directs par des pompes à chaleur et des chauffages à pellets de bois. Deuxièmement, l’adoption de normes « classe A » pour les appareils électriques de grandes consommation (bureautique, ménage, etc), de manière à ce que les appareils neuf vendus en Suisse soient systématiquement les plus performants sous l’angle énergétique. Ces deux mesures n’ont aucun impact négatif sur notre confort. Du côté de la production, nous préconisons logiquement le renforcement drastique des énergies renouvelables. Dans l’hydraulique, la modernisation des installations existantes, la réhabilitation d’anciennes centrales et le développement des petites installations, notamment sur les réseau d’eau potable, offre un potentiel non négligeable. Ces améliorations permettront au demeurant de respecter enfin les débits minimaux. Nous préconisons également d’exploiter complètement l’énergie émanant de l’incinération des déchets ménagers, en doublant l’électricité produite. Nous proposons aussi de consacrer 1/7 du potentiel indigène de la biomasse à la production d’électricité (couplage force chaleur), le reste restant ainsi disponible pour le chauffage et les bio-carburants. L’électricité d’origine photovoltaïque a un potentiel que nous incluons de manière très conservatrice, à moins de 2% du courrant produit en 2026. Cependant, vu le boom mondial de cette technologie, les gains d’efficacité et la baisse constante des prix des panneaux, cette valeur est probablement sous-estimée. La part du lion reviendra toutefois à l’énergie éolienne, qui connaît elle aussi un boom sans pareil à l’échelle mondiale. A l’échelle mondiale, on implante chaque mois des éoliennes dont la production globale est équivalente à celle d’une centrale nucléaire. A l’instar d’AXPO en Norvège, nous proposons que les entreprises suisses investissent massivement dans les zones les plus venteuses d’Europe, comme elles l’on fait autrefois dans les centrales nucléaires françaises. Ceci sans négliger le potentiel indigène, avec l’installation d’environ 200 grandes éoliennes du type de celle de Collonges A long terme, la géothermie de grande profondeur est appelée à un développement massif. Le procédé consiste injecter de l’eau dans des forages à 5 km de profondeur, puis à utiliser la vapeur pour actionner des turbines et la chaleur résiduelle via le chauffage à distance. Une installation pilote permettant d’alimenter 5'000 ménages en chaleur et en électricité est en construction à Bâle. A titre transitoire, nous proposons aussi le développement du couplage-chaleur-force. Il s’agit d’utiliser du gaz naturel (fossile) pour produire simultanément de la chaleur et de l’électricité. Une telle stratégie doit cependant être neutre en terme de CO2. Pour y parvenir, il faut réutiliser un tiers de l’électricité produite pour entraîner des pompes à chaleur en remplacement de chauffages à mazout. Et utiliser le plus complètement possible la chaleur émise, ce qui nécessite d’implanter ces installations à proximité de bâtiments ou d’industries. Cela plaide en faveur des petites et moyennes installations plutôt que sur des grandes centrales. A plus long terme, les progrès des énergies renouvelables devraient permettre de se passer complètement des sources fossiles. La géothermie offre à cet égard des perspectives très intéressante pour l’après 2030. Le scénario du PSS nous fait avancer vers un approvisionnement en électricité propre et sûr, tant en terme économique et écologique. Pour se réaliser, il exige de prendre rapidement les décisions politiques et économiques qui s’imposent. En se rappelan que ne rien décider signifie choisir la dépendance de production fossile ou atomique, à un coût économique et écologique inacceptable. Roger Nordmann, Conseiller national, PS, Lausanne
Tableau d'ensemble**
* PSS, R. Rechsteiner, Vers un approvisionnement basé sur les énergies renouvelables, avril 2006 (Consulter l'étude et les documents de la conférence de presse du PSS du 24.4.06 ). ** Le détail des sources est disponible dans l’étude.
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Contact: Roger Nordmann, Rue de l'Ale 25, 1003 Lausanne, Twitter @NordmannRoger 1.04.2017 |