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Roger Nordmann

Conseiller national

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Article 24 Heures - 15.12.99

Discrédit bancaire, discrédit moral. Roger Givel par lui-même

Par Roger Nordmann, 15 décembre 1999

De nos jours, le pouvoir d'un Vaudois se mesure-t-il encore à sa capacité de disposer du fichier d'adresses de la Fédération patronale vaudoise? Si tel est le cas, Roger Givel a encore de l'influence, puisqu'il a pu gratuitement disposer de ce fichier pour inonder le canton d'un prospectus publicitaire destiné à vendre ses mémoires.

C'est ainsi que j'ai reçu, à je ne sais quel titre, un prospectus dont le mauvais goût fait penser aux fauteuils électriques inclinables Everstyle. Sur la première page, un détail du Portrait du duc d'Albe de Goya, plus aristo que démocratique. Le titre Crédit bancaire, crédit moral étonne de la part d'un banquier dont la responsabilité apparaît aujourd'hui clairement dans la faillite de son établissement.

Afin de me procurer la vie et l'œuvre, je me suis donc rendu à la place Pépinet, "dans une importante librairie de la place", dirait-il. Et là, cherchant à tort le livre au rayon historique, j'ai eu la surprise de me faire renvoyer au rayon du management et de la finance... M'étonnant à voix haute de devoir payer 36 francs pour 137 pages en police Times 14, on m'a confirmé que ce montant dépassait amplement les prix du marché!

A la première personne, M. Givel y dresse de son action un portrait flatteur, en particulier à la BVCréd. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'on n'a pas l'impression qu'il s'agisse de l'établissement qui a occupé les journées du juge Antenen... La mise en valeur de l'auteur passe aussi par les portraits, toujours flatteurs, de ses nombreux amis. Reste à savoir si ceux qu'il s'approprie ainsi ont vraiment apprécié ce hold-up! Notons au passage qu'il ne mentionne aucune femme au nombre des gens importants: a-t-il oublié qu'en 1959, le canton comptait des pionnières?

Croyant probablement que la sculpture serait plus saillante, M. Givel s'est trouvé un acolyte pour rédiger une postface de complaisance intitulée "Portrait d'un banquier". Comme on pouvait le craindre, la postface contient une hagiographie qu'il aurait été linguistiquement impossible de rédiger à la première personne. On y apprend par exemple les bienfaits et l'influence de M. Givel auprès de nombreux conseillers fédéraux. Le hic, c'est qu'on ne comprend pas très bien comment on peut revendiquer d'avoir tiré toutes les ficelles du canton de 1950 à 1990 en affirmant parallèlement n'être en rien responsable de l'état déplorable dans lequel il se trouve.

Abordant le champ politique, ce monsieur exprime deux thèses que l'on peut résumer ainsi.

1) Les politiciens d'aujourd'hui sont laxistes et mauvais, raison pour laquelle le canton est endetté jusqu'au cou.

2) Du temps où il faisait et conseillait les politiciens importants, ces derniers avaient encore de l'envergure.

Pareille arrogance a de quoi écœurer tous ceux qui, des managers aux politiciens de tous bords en passant par les assistants sociaux, œuvrent à grand-peine pour sortir le canton et ses habitants de l'ornière où M. Givel et ses copains l'ont amené. Faut-il rappeler que le renflouement du Comptoir, incarnation du givelisme, coûte 80 millions aux collectivités publiques, ou encore que l'Etat de Vaud a dû, l'année dernière, injecter 255 millions dans la BCV, repreneuse du bilan pourri de la BVCréd? Grâce à leur autocratisme revendiqué, Givel et ses "amis" ont bloqué la diversité et l'innovation politique, celle-là même que l'auteur revendique outrageusement. On comprend mieux le besoin caricatural d'une partie des héritiers radicaux de marquer la rupture, en se donnant aujourd'hui une ligne d'austérité dogmatique et de néolibéralisme obtus qui ne leur sied guère.

Dommage, car au-delà de ces pénibles fanfaronnades, il faut reconnaître que les considérations de politique économique de M. Givel ne sont pas toujours absurdes, loin s'en faut. Cela montre que malgré ses 81 ans, M. Givel possède encore tous ses esprits. Il aurait pu s'en servir pour rédiger utilement une autocritique nuancée et constructive de l'époque, celle qu'un autre grand radical, J.-P. Delamuraz, aurait peut-être souhaité écrire si la providence lui en avait laissé le temps. Et personne n'en aurait voulu à M. Givel de mentionner au passage quelques-unes de ses réalisations.

 

24 Heures - 15.12.99

 

 

  

 

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