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Roger Nordmann

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Article Domaine Public, 3 décembre 99

Secteur financier de la Poste: le complexe de la Bahnhofstrasse

Par Roger Nordmann, 3 décembre 1999

David Syz et Pascal Couchepin viennent de sortir de leur chapeau un nouveau projet : ils entendent privatiser le secteur financier de la poste. Ils estiment en effet que la garantie étatique et le réseau du distribution ramifié de la Poste provoquent une distorsion de la concurrence à éliminer au plus vite dans l’intérêt de la prospérité générale. Cherchant la paille dans l’oeil de la poste, il ne voient pas la poutre dans l’œil des banques, qu’ils ont décidément tendance à confondre avec le leur !

Dans le sillage de la fusion UBS-SBS, la commission de la concurrence avait imposé à la nouvelle entité de vendre une trentaine de filiales, afin d’émousser la position dominante du colosse naissant. Cette décision quelque peu provinciale avait fait les gorges chaude, car pour l’UBS, le sacrifice demandé n’en était pas un en comparaison des bénéfices fabuleux que promettaient MM. Cabiallavetta et Ospel grâce à leur stratégie mondiale. En se limitant à une mesure aussi molle, les gardiens suisses de la concurrence ont montré qu’ils n’atteignaient pas la cheville de leurs collègues européens et américains. Isolée, il apparaît en effet clairement que la Suisse ne peut pas empêcher les mariages de colosses financiers.

Cette paralyse ne saurait éluder un sérieux problème cartellaire. On estime en effet que les mouvements de concentration bancaires ont un effet important sur le prix des prestations financières offertes aux particuliers et PME. Les indices ne manquent pas :

· Ainsi, depuis 1990, les prix des services bancaires ont augmenté trois fois plus que ceux du reste de l’économie. Ce constat est d’autant plus étonnant que les banquiers aiment à nous rappeler qu’ils excellent dans la recherche des gains de productivité. A l’évidence, le cartel - voire l’oligopole - permet d’éviter de faire bénéficier les clients de ces gains.

· Le secteur bancaire intérieur, délaissé il y a quelques années parce que prétendument non rentable, contribue soudain aux bénéfices ! De façon générale, les bénéfice globaux des banques ont de quoi surprendre pour un secteur qui aime à se gargariser des bienfaits de la concurrence.

· Les prix des prestations financières de base sont nettement plus basses chez les outsiders que sont la Poste et la Banque Migros (voir tableau). Or ces deux derniers établissements sont rentables. Les concurrents de la Poste dans le domaine de l’acheminement des paquets l’accusent même de concurrence déloyale. Ils estiment en effet que les bénéfices cachés du secteur financier sont réinjectés de manière intransparente dans les autres divisions !

Pour le Prof. Von Ungern-Sternberg, de l’Université de Lausanne, la présence de Postfinance sur le marché limite la puissance du cartel bancaire et rend de la sorte un service inestimable au reste de l’économie. Si Postfinance n’existait pas, il n’y aurait aucune limite aux agissements anticoncurrentiels des banques. Aussi longtemps que la commission de la concurrence ne se décide pas à tordre le cou au cartel des banques, il serait irresponsable de privatiser la Poste. A son avis, la Confédération a même une obligation rester propriétaire d’une poste étatique seul garante de la concurrence bancaire. On peut même pousser plus loin le raisonnement que ne le fait Von Ungern-Sternberg : dès lors qu’une intervention souhaitable de la commission de la concurrence n’aurait vraisemblablement que des effets temporaires, elle ne saurait justifier une privatisation qui priverait durablement l’Etat d’un levier lui permettant d’imposer la concurrence dans un secteur clé de l’économie.

Pour les PME et les indépendants qui ne disposent pas d’une grosse division financière interne, l’accès à des prestations financières à bon marché et de qualité est un élément fondamental des fameuses « conditions-cadres ».Tout obsédé de plaire aux gnomes de la Bahnhofstrasse, Pascal Couchepin n’hésite pas à prôner au nom d’un dogme appliqué à l’envers des mesures qui dégraderaient sensiblement ces mêmes conditions-cadres. Quant on sait que les PME assurent 75% des emplois, on regrette qu’il n’y ait pas de Bahnhofstrasse à Martigny-Bourg !

Comparaison des prix des prestations financières de base

Poste

UBS

CS

Intérêt sur livret d’épargne

1,25-1,75%

1%

1%

Intérêts sur un comptes salaire

0,5%

0,5%

0,5%

Intérêts de retard (passif)

8,5%

9,5/12%

11,5%

Frais de conduite du compte

Fr. 24 à 36

Fr. 48

Fr. 72

Frais de Postcard /EC-Card

gratis

Fr. 20

Fr.20

Blocage de la carte

Fr. 30

40 Fr.

Fr. 55

Payement par bulletin de versement.

gratis

0.50 Fr.

1 à 3 Fr.

(source : Cash du 26.11.99)

Domaine Public, 3 décembre 99

 

 

 

  

 

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info@roger-nordmann.ch, tél 021 351 31 05, fax 021 351 35 41

Twitter @NordmannRoger

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